-
Par bluesy le 8 Octobre 2018 à 23:38
10 – Le jardin des voyelles. Ce jardin est l’œuvre de l’Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle), groupe créé en 1960 par Raymond Queneau le Poète et François Le Lionnais le Disparate (ingénieur chimiste, mathématicien, joueur d’échecs, écrivain, resistant déporté à Dora (il faut lire « La peinture à Dora » !). Les travaux des Oulipiens vont du simple divertissement ludique à l’élaboration d’œuvres de longue haleine (Perec, Calvino, Roubaud). L’idée est venue aux membres de l’Oulipo d’écrire un poème dont les voyelles seraient remplacées par des fleurs, cinq couleurs différentes pour les cinq voyelles. Hommage à Baudelaire pour qui « les parfums, les couleurs et les sons se répondent » et à Rimbaud qui associe les voyelles aux couleurs. Les consonnes sont déjà écrites en lettres de métal et nous avons déchiffré le poème. C’est un onzain, en hommage à la ville voisine d’Onzain. Il y a le même nombre de caractères par vers. Le a est rouge (deux premiers verts), le u est jaune (vers 3 et 4), le o est vert (dommage car cela se confond avec le vert des feuillages, vers 8 et 9), le i est bleu (vers 10 et 11)et le e est blanc et partout dans le poème et occupe tout seul les vers du milieu.
Ce parc élégant est espace
de balade mentale et parle
du pur bleu qu e tu scrutes
du seul murmure des fleurs
en cette terre de semences
des pensées égrènent l’été
éternellement s’élèvent
et colorent le poème géomètre
Fond et forme se répondent
s’iris ent de fines teintes
et finissent en étincelles
photo d'Eric Sander prise de drone, publication autorisée par le Domaine de Chaumont :
1 commentaire -
Par bluesy le 7 Octobre 2018 à 19:48
Voici cinq autres tableaux (les explications sont celles qui étaient écrites sur les panneaux à l'entrée de chaque jardin).
5 – la possibilité d’une île. On nous invite à découvrir le sens caché d’une parcelle presque vide. L’eau et les reflets sont des éléments qui nous fascinent et nous invitent à la méditation et au calme. Le miroir d’eau offre une scène aux spectateurs et les transforme en protagonistes de leur visite.
6 – Le jardin du présent intensément. Après avoir traversé une haie sombre, le visiteur découvre un premier espace très lumineux recouvert de graviers blancs, véritable « étang sec » qui le prépare à une nouvelle expérience. Le chemin, ponctué de pas japonais et de dalles de schiste, se termine par une grosse pierre, sur lequel il est appelé à se déchausser avant de traverser un mur de bois, évocateur d’un pavillon de thé, dans lequel il pénètre par une entrée basse et doit se courber, en signe d’humilité. (Je ne l’ai pas fait, la porte était trop basse et j’ai eu peur de me trouver dans une position ridicule !)
7 – Dans les bois. Ce jardin s’inspire de l’aventure de Jorge Luis Borges, car dans « Le jardin des sentiers qui bifurquent», le narrateur qui voyage au cœur des branches entremêlées pour finalement arriver dans une peupleraie au sein de laquelle il découvre que l’œuvre de ses ancâtres n’est pas un jardin mais un roman déconcertant « un labyrinthe dans lequel tous les hommes se perdraient ». Un jardin, tout comme un roman, est un espace dans lequel se perdre. Et être perdu, c’est se retrouver. Les voyageurs de ce jardin Dans les bois feront peut-être la même expérience lorsqu’ils se retrouveront face à face à une forêt dense ou dans un labyrinthe en bois de cèdre brûlé et qu’ils devront prendre la décision de tourner à droite ou à gauche, vers une destination inconnue que l’on ne peut apercevoir.
8 – Le dédale de la pensée. La pensée est abordée comme étant un voyage, un voyage qui progresse dans les méandres du cerveau, tel un labyrinthe complexe dans lequel on se perd facilement, sans prendre le soin d’y dérouler un fil rouge. Le point de départ ou d’arrivée n’a pas réellement d’importance dans le voyage car seul le voyage compte. Un quai de gare marque le début du voyage dans le jardin mais les premières valises sont trop importantes ou trop lourdes pour pouvoir les emporter. Perçues comme autant de points de repère, de contraintes ou de rattachements à une réalité, elles devront être abandonnées ou enjambées par le visiteur. Le jardin est conçu de manière à franchir les étapes et dépasser les éléments structurants de la réalité. Les couleurs , les contrastes de textures et les verticalités végétales se font de plus en plus saisissants et présents jusqu’à immerger totalement le voyageur. Les limites s’estompent, les contraires diminuent, c’est désormais le jardin qui nous entoure. Le visiteur se perd dans ses pensées, puis en sort.
Quelques planches ne sont pas fixées. Il faut trouver son équilibre.
Pn laisse le quotidien derrière soi. Peu à peu le paysage s'éclaire.
9 – Le filet de pensées. Durant la période Josson (1382-1897) en Corée, la majorité politique se servait de l’exil comme d’une forme ultime de châtiment, destiné à ceux qui s’opposaient à ses idéaux et à ses valeurs. Au lieu d’être punis par le travail forcé, les exilés devaient passer leur temps, voire le reste de leur vie, à confesser leurs crimes dans l’isolement. Il y avait, parmi eux, des artistes et des penseurs, qui nous ont livré des œuvres culturelles et littéraires uniques. L’action de pêcher est abondamment décrite dans cette « littérature d’exil », mais plutôt que de capturer du poisson pour se nourrir, il s’agissait d’une pêche symbolique permettant de capturer du temps et des pensées. Le jardin reprend cette image et est divisé en deux espaces : le premier, restreint, représente l’exil et l’autre, le jardin des pensées de ceux qui y sont confinés. La anne à pêche, lourdement incurvée, exprime le désir de liberté, quant à la ligne de pêche, qui s’étend vers le monde extérieur, elle représente un filet de pensées.
4 commentaires -
Par bluesy le 6 Octobre 2018 à 21:50
Je vous présente aujourd'hui 5 tableaux des Jardins de la pensée 'commentaires d'après le texte des panneaux)
1 – Ceci n’est pas un jardin, à la manière d’un tableau de Magritte.
Quelquun a écrit "Naili est passée par là", Guy lui a répondu "Ou par ici"
2 – Bulle de pensées. Le « pensum » était le poids de laine que l’on devait filer chaque jour. On noue un fil de laine sur une barrière du jardin. Comme les quipus des Incas (système de numérotation par nœuds sur des cordelettes) ou les fils noués dans les civilisations asiatiques pour supprimer son ego et atteindre l’Illumination.
pensées en cage. Pensées rêveuses.
Guy songe.
pensées épineuses.
pensées submergées...
pensées rebelles...
Pensées folles, pensées d'amour, pensées d'ombre, pensées déformées, pensées sacrées...
3 – le livre de sable, d’après un recueil de nouvelles de Jorge Luis Borges. « Il me dit que son livre s’appelait « le livre de sable » parce que ni ce livre ni le sable n’ont de commencement ni de fin. ». Déambulation labyrinthique, sans début ni fin. Le sable, balayé par les pas des visiteurs, dessine et redessine indéfiniment le paysage. La couleur bleue a été inspirée par la teinte des vêtements des homes de Chinguetti, en Mauritanie. Chaque sculpture est faite de 1400 pièces. Les bleus changent de nuance au fur et à mesure qu’on s’éloigne ou qu’on s’approche des sculptures. On nous conseille : « Enlevez vos chaussures pour profiter de l’expérience sensorielle et n’oubliez pas que la terre prend plaisir à sentir vos pieds nus. Merci de bien ranger nos chaussures. »
4 – Temple à la nature.
4 bis. Le jardin des supplices, réinterprétation de l’œuvre étrange et terrifiante d’Octave Mirbeau que l’écrivain dédiait « Aux prêtres, aux Soldats, aux Juges, aux Hommes, qui éduquent, dirigent, gouvernent les hommes, ces pages de Meurtre et de Sang ». Ici, la galerie des supplices perpétrés par le jardinier. Mélange de catalogues Vilmorin et de rapports d’Amnesty International. Les plantes sont utilisées pour suggérer l’épouvante et l’indicible, obligeant le visiteur à s’interroger sur les notions de Bien et de Mal. Ici, on entrave les troncs, là on démembre les trognes, on enfume des espèces indésirables et on éventre la terre nourricière. La cabane à outils, est-ce l’antre du bourreau ?
Rouge comme le sang, rouge comme dans la civilisation chinoise, les deux évoquant le thème du "Jardin des supplices" de Mirbeau.
un œil ?
une trogne
je lis "trogue démembrée" mais il s'agit sans doute de "trogne démembrée" (arbre taillé)
1 commentaire -
Par bluesy le 18 Août 2017 à 23:05
La chambre du roi d’Espagne Ferdinand VII : le lit est de style Louis XVI et les autres meubles de style Empire. À droite, une coiffeuse d’homme. À droite, une psyché. Le papier peint qui raconte l’histoire de Psyché date de 1902. On lit l’histoire de droite à gauche : Les parents de Psyché consultent l’oracle qui leur ordonne d’abandonner leur fille sur un rocher afin que le futur époux, un monstre, vienne la chercher. Mais Éros est tombé amoureux de la belle et la fait enlever par Zéphir. Éros lui demande de ne jamais chercher à voir son visage et la couvre de bijoux qu’elle montre à ses sœurs. Celles-ci, jalouses, disent à Psyché que l’époux est un monstre. Psyché finit par allumer une lampe à huile. Une goutte d’huile brûle Éros qui s’enfuit. Psyché part à sa recherche et Aphrodite la soumet à un tas d’épreuves dont la dernière consiste à rapporter à Vénus un verre d’eau du Styx et à se rendre aux Enfers pour récupérer une parcelle de la beauté de Perséphone. Enfin, Éros, toujours amoureux, ramène Psyché sur l’Olympe, où ils se marient.
Chambre de Talleyrand : Les meubles sont à la mode « retour d’Égypte » avec des pieds en forme de pieds d’hommes ou de pattes de lion, des sphinx… Je n’ai pas photographié le fauteuil roulant de Talleyrand (il était au bas de l’escalier). Voici donc une photo du net du temps où il était dans la chambre. Le paravent brodé serait l’œuvre de Don Antonio, l’un des princes espagnols en captivité.
Chambre des invités, occupé par le duc San Carlos et qui communiquait avec la chambre de la Princesse de Bénévent.
Salle à manger : elle pouvait accueillir jusqu’à 36 convives. Table en acajou.
à droite : table à trancher et chauffe-plats, à gauche : rafraîchissoir à boissons
monte-plats :
Les cuisines : cuisinière avec évacuation des fumées par une trémie dans le sol vers la cheminée. Torréfacteur à café. Broche avec mécanisme d’horlogerie.La cave à vin. En 1821, Talleyrand a fait venir 44 caisses de bordeaux contenant 2220 bouteilles de vin faites exprès pour lui et en même temps, 60 chopines d’eau acidulée ferrugineuse de Saint-Pardoux.
torréfacteur car Talleyrand adorait le café.
C’était Antonin Carême, « le roi des cuisiniers, le cuisinier des rois » qui officiait. Talleyrand avait demandé 365 jours de menus, sans répétition et avec des produits de saison. Il est l’inventeur de la toque et de nombreux desserts : les profiteroles, la charlotte, le vol-au-vent, les meringues à base de miel et d’amandes. Il était célèbre pour ses pièces montées, très hautes, en pâte d’amande, sucre et pâtisserie et en forme de temples ou ruines antiques. Le service se faisait « à la française », c’est-à-dire que tous les plats étaient présentés en même temps. Les morceaux étaient différents selon le rang des invités. On dit que c’est Antonin Carême qui introduisit le « service à la russe » où les plats sont servis les uns après les autres.
les compositions :
la cave ;
Pour faire le tour du parc, nous louons une golfette électrique. Guy se fait expliquer la marche arrière, le frein à frein. 30 minutes, c’est le temps qui nous est imparti pour faire le tour avec quelques arrêts pour lire les explications de quelques curiosités.
Les glacières : On y conservait la glace recueillie dans les mares et les étangs et qui servait à la fabrication de glaces et sorbets et à rafraîchir les vins.
La pièce d’eau : elle a été creusée artificiellement et était destiné à recueillir les eaux de ruissellement. En hiver, elle servait à alimenter en glace les glacières. Cet étang fut bordé d’une rangée de résineux, sur une idée de la duchesse de Dino.
Le saut du loup : c’est une brèche utilisée dans l’art des jardins pour rompre la monotonie d’une clôture. À Valençay, on nomme cet élément « le saut du loup ». Il permettait de voir le paysage au-delà de la clôture. Un peu plus loin, il y a une autre brèche, plus petite, « le petit saut du loup ».
La salle de bal : dans cette clairière, se réunissaient des groupes de danseurs, dont les Princes espagnols qui cherchaient à tromper leur ennui. De là, partaient des « labyrinthes », conduisant dans les sous-bois, pour l’isolement des couples.
Nous continuons notre chemin, Guy doit freiner avec force car le chemin descend et on n’a pas envie de verser !
Nous arrivons dans la grotte aux chauves-souris, il est bien sûr interdit d’y entrer. Il y a 1400 chauves-souris (11 espèces différentes sur les 21 espèces présentes dans l’Indre, par exemple les vespertilions à oreilles échancrées). Les chauves-souris sont insectivores et entrent en hibernation en hiver. Leur température s’abaisse à 7° et elles ont une respiration toutes les 90 min. Le site a été inscrit au réseau européen « NATURA 2000 ».
Les grottes à tuffeau atteignent 15 m de hauteur. À l’intérieur, il fait de 12 à 15°. Les pierres de construction du château ont été extraites de ces grottes. On y stockait aussi des matériaux, par exemple du carburant pendant la seconde guerre mondiale. Il est interdit de pénétrer dans ces grottes.
1 commentaire -
Par bluesy le 16 Août 2017 à 21:27
Nous avons suivi une visite guidée pour l’intérieur du château.
Le salon de musique : décoration Louis XVI. Dans la boiserie, derrière la fenêtre intérieure, un escalier dérobé conduit à la chambre de Don Carlos. Piano forte des frères Erard, signature de Dussek, le musicien tchèque au service de Talleyrand.
Le salon bleu : Occupé par Ferdinand VII puis par la princesse de Bénévent puis par la duchesse de Dino. Sous le portrait, bureau à gradin en laque du Japon et appliques en bronze doré. Paire d’hokkai-bako du Japon, en bois laqué noir (ces boîtes servaient au transport de la nourriture, suspendues avec le système de palanches. Portrait de Talleyrand par Gérard (copie, l’original est à New-York). Talleyrand avait un pied-bot et il portait une chaussure orthopédique mais ici, il est représenté sans. Sous le portrait, un bureau Mazarin, en écaille de tortue et marqueterie (attribué à Boulle). Bouche de chauffage. Table à awalé.
portrait de Talleyrand et bureau Mazarin :
bureau à gradin et paire d'hokkai-bako :
table ç awalé :
Le grand salon : il est séparé en deux par des colonnes ioniques. Le 11 décembre 1813, à 0 h 30, fut signé le traité de Valençay qui mettait fin à la guerre d’Espagne et rendait à Ferdinand VII sa couronne. Portrait de Talleyrand en ministre. Portrait d’Alexandrine de Damas d’Antigny, mère du Prince de Talleyrand.
Les chaises et canapés sont recouverts de tapisserie au point de Saint-Cyr, exécuté par les dames de la cour d’Espagne durant leur captivité.
La table ronde, rapportée en 1815, est celle autour de laquelle s’est réuni le Congrès de Vienne en 1815 . Elle a été prêtée en 2014 au musée de Posdam.
Le cabinet de travail de Talleyrand : fauteuil anglais en cuir avec poches à soufflets sur le côté pour ranger les dossiers. Table de travail en acajou à plateau pivotant réglable à l’aide d’une crémaillère.
Colonnes de porphyre à chapiteaux ioniques avec les bustes de Rousseau (à gauche) et Voltaire (à droite). Grand secrétaire en acajou et bronze doré, offert par Murat, il est orné de sphinges ailées portant des bougies, et de colonnes cannelées dont l’une, creuse, permet de cacher des armes. Il possède de nombreux tiroirs à secrets.
La chambre de la princesse de Bénévent : Catherine Verlée, née aux Indes, divorcée de M. Grand, épousa Talleyrand en 1802 (mariage civil car Talleyrand était toujours considéré comme évêque par l’Église). Elle devint Princesse de Bénévent en 1806.
Elle était la maîtresse du Prince espagnol San Carlos (l’escalier dérobé dont nous avons parlé). Finalement il y eut séparation à l’amiable en 1816 et Catherine, désormais Princesse de Talleyrand, partit pour Paris. À la mort de l’amant, Talleyrand aurait dit : « Le duc de San Carlos était l’amant de ma femme, il était homme d’honneur et lui donnait de bons conseils dont elle a besoin. Je ne sais pas maintenant dans quelles mains elle tombera. » (Catherine avait la réputation d’être sotte (elle aurait dit « Je suis d’Inde »). Tableau de la Princesse par Mme Vidée-Lebrun. À droite du lit, autoportrait de Mme Vigée-Le Brun.
Le cabinet de toilette : fauteuil de bain
La chambre de la duchesse de Dino : Dorothée de Courlande (Lettonie) était nièce par son mariage de Talleyrand. Elle devint sa compagne après le départ de Catherine. Elle était séparée de son mari, le neveu de Talleyrand, depuis 1816. Table de toilette en acajou avec une écritoire dans le tiroir. Lit bateau en acajou.
4 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique