• Voici l'histoire du procès de François Darreau, né en 1704, marchand bourgeois à St Victor de Buthon, petite commune du Perche, d'après les minutes du procès (AD de Chartres B620, 621, 622 et 623). Ce procès va durer 2 ans !

    Le 20 décembre 1739, François Darreau va à la messe des vêpres. Tout à coup, il se met à chanter "trop haut, trop bas et en faux bourdon".
    Le curé de St Victor, Jacques Boutroüe, porte plainte le lendemain. 
    Le 9 janvier 1741, François Darreau est condamné à faire réparation publique, et il lui est fait défense de récidiver (ne pas précéder les autres chanteurs, ne pas traîner, ne pas chanter en même temps que les solistes)
    Le 14 février 1741, François Darreau dépose requeste.
    Différents villageois témoignent : François Nourry, Marin d'Allençon, Charles Houlle, Pierre Sagot, Claude Brière, Louis Brière, François Brière, Renée Martin femme de René Nourry, Jullien Vigne et Catherine Vigne. A noter que les hommes reçoivent 10 sols et les femmes 8 sols.

    Il ressort de ces témoignages qu'autrefois François Darreau chantait dans le choeur avec les autres paroissiens et participait aux processions, mais que suite à un différend avec le curé, il s'était retiré dans son banc de famille. Le différend venait du fait que le curé voulait remplacer l'offrande du pain bénit faite par les habitants par une offrande en argent.

    Le curé avait donc refusé de bénir le pain offert par Jacques Darreau, le grand-père de François, pain pourtant "très beau" et "extraordinairement beaucoup plus qu'aucun autre habitant" et le pain fut remporté chez Jacques Darreau sans être distribué. François Darreau s'opposa à cette suppression de l'offrande du pain bénit, parla "brusquement au curé sans mesme oster son chapeau". François Darreau accusa le curé de "distribuer des aumosnes à sa fantaisie et sans rien tirer de sa poche". Il le comparait à "Darius par sa vanité , à Judas par son avarice". Dans les minutes du procès, cette accusation fut rayée, "rompue et lassérée" comme "diffemmatoire", "irrévérencieuse", "injurieuse" et "calomnieuse".
    Le 9 octobre 1741, François Darreau reste condamné comme précédemment. Amende de dix livres en cas de récidive.

    Les minutes de ce procès sont assez difficiles à lire car pleines d'abréviations, de jargon juridique. Il faut aussi se faire à l'idée que les "j" sont remplacés par des "i".


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  • Saint-Eliph est une petite commune du Perche, près de la Loupe. En 1835, eut lieu un triple assassinat qui fit la Une des journaux de l'époque. L'exécution des assassins attira beaucoup de spectateurs !

    Le lieu :
    Saint Eliph, «une maison isolée, la première à main droite droite sur l’ancien chemin de La Loupe à St Eliph, c’est, paraît-il, à cet endroit qu’est maintenant le presbytère » (« L’astrologue de la Beauce et du Perche » 1893, Ed Petrot-Garnier) la « chambre du crime » donnant sur le jardin situé derrière la maison

    la date : 9 janvier 1835, sous le règne de Louis-Philippe

    les personnages :
    les victimes : François GERMOND 55 ans, né en 1781 à Frétigny, ancien cultivateur, demeurant à St Eliph
    Marguerite SAGOT 56 ans, née en 1780 à St Victor de Buthon, sa femme
    René Lambert GERMOND leur dernier fils, 20 ans, vient de terminer son apprentissage dans une épicerie à Paris et doit partir au service militaire
    les assassins : Basile HENRY, le gendre, né en 1797 à Saint Victor de Buthon, anciennement bourrelier et cafetier à Montlandon. Paresseux, il avait dû vendre son fonds, vivait chez son frère, bourrelier à Saint Victor de Buthon. Il rendait visite à sa femme à St Eliph en fin de semaine
    Marie Marguerite GERMOND, sa femme, née en 1806 à Champrond-en-Gâtine, fille et soeur des victimes, volage, coquette et dépensière, habitait chez ses parents à St Eliph
    les autres personnes :
    Marie Antoinette HENRY 9 ans la fille ; à noter que le couple Henry avait eu trois autres enfants morts en 1827, 1829, 1831 âgés de quelques jours ou semaines. Les gens de Montlandon soupçonnaient leur mère de s’en être débarrassée.
    Marguerite MILLET, voisine
    La femme POIRIER, voisine
    François GERMOND fils aîné 30 ans demeurant à Brunelles où il jouissait d’une excellente réputation

    Le mobile : Marie Marguerite GERMOND était jalouse car ses parents avaient mis 1500 F de côté pour acheter un remplaçant pour le service militaire à leur fils René Lambert.

    Le crime :
    Le 9 janvier après avoir soupé, les époux Germond et leur fils René Lambert se retirèrent dans leur chambre à 6 heures du soir. Contrairement à son habitude, Marie-Marguerite alla avec sa fille passer la veillée chez leur voisine Marguerite Millet et elles rentrèrent à 10 heures du soir.
    Le lendemain matin, à 7 h ½, la petite fille alla prévenir la voisine Poirier que sa mère était malade et qu’il s’était passé des choses terribles la nuit. On découvrit dans la chambre, les parents et leur fils égorgés (à l’aide d’un hachereau), le père avait un étabeau (long clou) enfoncé dans le crâne. La femme Henry dit qu’elle avait voulu se venger de sa mère qui entretenait des relations coupables avec son mari.
    On arrêta la femme et le mari mais celui-ci se sauva. Il fut découvert, caché dans une meule de foin. Dans la chambre de la femme Henry, on découvrit des objets tachés de sang et un sac contenant 1500 F. Les époux s’accusèrent mutuellement. Ils furent conduits à la prison de Nogent-le-Rotrou (où la femme accoucha le 18 mars 1835 d’une fille nommée Marie-Gertrude HENRY) puis à Chartres où ils furent guillotinés, place du Marché-aux-vaches, le 15 septembre 1835. Il y eut 6000 spectateurs.
    L’affaire fut racontée sous forme d’une complainte en 24 couplets (sur l’air de Fualdès *), tirée à 8000 exemplaires et chantée pendant un demi-siècle sur les marchés de Beauce et du Perche.

    Sources :
    les documents d’époque :
    Le Glaneur n°3 du 22/01/1835
    Le Glaneur n° 26 du 23 juin 1835
    Le Glaneur du 17 septembre 1835
    l’almanach « Le Beauceron » de 1836

    les publications plus récentes :
    L’astrologue de la Beauce et du Perche (ed Petrot-Garnier, Chartres 1893) p 112 à 129
    le bulletin de la société archéologique d’Eure-et-Loir tome 20 p 386 et 387
    France Soir 22 ,23, 24 et 25 mai 1954
    le bulletin communal de Montlandon n° 20 de juin 1984
    Les cahiers Percherons de 1992-1


    * Célèbre affaire judiciaire Le 19 mars 1817, Fualdès, ancien magistrat d’Empire fut assassiné dans une maison mal famée de Rodez par de fougueux royalistes (Jausion et Bastide). Le 12 septembre les coupables furent condamnés à mort. des complaintes populaires et des pièces de théâtre racontèrent cette histoire.


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  • Dans les registres paroissiaux de St Laurent-la-Gâtine (Eure-et-Loir), j'ai trouvé ces actes de naissance. Savez-vous pourquoi celui du bas est à l'envers ?

    L'acte du bas est une naissance illégitime : afin de la différencier des naissances légitimes, le curé L.Delahaye a écrit cet acte à l'envers, pour marquer la honte.

    "Louise Blondeau fille adultérine de Pierre Blondeau et de perrine Gasteau fut baptisée le mardy vingt troisième jour de septembre . Son parain Jacques Amand le jeune fils de defunct Jacques Amand lequel a donné le nom, sa mareyne Jehanne Le Moyne femme de Mathurin Blondeau tous de cette paroisse" (orthographe de l'époque). A noté que la marraine est nommée en tant que femme de ... (les hommes mariés n'étaient pas nommés "mari de ...", le parrain n'est pas encore marié car il est dit "fils de ..." (l'acte se situe en 1627)

    Dans "Un feu brûlait en elles", Jean-Guy Soumy raconte l'histoire d'une famille sur plusieurs générations : l'acte de naissance de la première était à l'envers. 

     


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  • Je viens d'ahdérer au groupe de discussion Généalogie-catastrophes-et-calamités et je me propose de mettre sur ce groupe un premier texte sur le choléra morbus en 1832 à St Martin-de-Nigelles (près de Maintenon en Eure-et-Loir)

    Je vous copie ce texte, dont j'ai respecté l'orthographe :

    Cette maladie se prend par les coliques aigus et par les crampes, on devient défiguré par les yeux et on meurt en 9 heures, on a la diarhée avant que d'avoir le choléra. Pour éviter le Mal, il faut prendre par avance des remèdes à l'amidon ou au son, se rafraîchir le corps. pour Guérir de cette maladie, il faut appliquer 20 ou 30 sangsuës au ventre si on a la colique, au fondement si on a la diarrhée, à l'estomac ou au côté suivant où on à mal.

    plus faire des cataplasmes de farine de moutarde déliée avec du vinaigre blanc et de l'ail, en mettre un cataplasme sur le ventre et les mollets des deux jambes, ne boire que de l'eau fraîche sucrée ou de la tisanne à la fleur de camomille, s'abstenir de viande, de lait, de vin, d'eau de vie et de légumes.

     Les personnes portés au présent registre sous les n° 10, 22, 26, 25, 20, 24, 19 sont mortes du choléra morbus tout le monde les avait abbandonnés, il n'y a que M.Allais instituteur qui eut le courage de les gouverner et de les ensevelir, ils était en putréfaction 4 heures avant de mourir aussi noirs que de l'encre.

     

    Eviter que cette maladie ne vienne a Saint Martin car elle est affreuse par les douleurs qu'on endure surtout des Crampes.

     10 : Marie Jeanne Hélène Ursule Dablin              

                             69 ans 1juin 1832

     19 : Marie Julienne Manceau                                             

                             67 ans 14 août 1832

     20 : Marie Jeanne Lemoine                                              

                             74 ans 2 septembre 1832

     22 : Jean Martin Brice Champagne                             

                             81 ans 9 septembre 1832

     24 : Catherine Olympe Veilleux                                   

                             53 ans 15 septembre 1832

     25 : Marie Julie Anne Girard                                        

                             36 ans 20 septembre 1832

     26 : Marie Aimé Amiel                                                     

                             61 ans 23 septembre 1832

     

    Ce texte montre que les problèmes d'orthographe ne sont pas forcément un problème de notre époque (texte écrit par un secrétaire de mairie dans le registre consacré à l'état civil)

    J'ai trouvé dans "Histoire naturelle de la santé et de la maladie" (Raspail - 1846) la médication :

    frictionner le corps avec de la pommade camphrée, faire de prendre au malade de temps en temps des petits verres d'eau-de-vie camphrée, s'il est habitué à l'eau-de-vie (!!!), cataplasme vermifuge, huile de ricin.

    Et l'auteur conclut :

    "Que l'on se rappelle qu'au temps de la dernière invasion, toute médication qui s'est rapprochée de cette méthode a sauvé le malade, que toute médication qui s'en est éloignée l'a vu mourir en quelques instants. malheur au médecin qui, à une nouvelle invasion, s'entêtera dans ses vieilles doctrines, par haine contre nous ; il pourrait bien lui arriver d'en être la première victime."


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  • Dans le cadre des journées du patrimoine, des faire part de deuil (XVIII et XIX è siècles) étaient exposés dans l'église Nogent-le-Roi en Eure-et-Loir.

    Les plus anciens étaient de format A3 et destinés à être affichés. On demandait aux gens de dire "De profondis" pour l'âme des morts. Ils étaient ornés de la lettre V décorée d'os et de symboles religieux. Sur l'un d'eux, l'inscription "messieurs et Dames" était formée de dessins de tibias et de feuillages !

    On disait "inhumer" pour les gens. Le mot "enterrer" était destiné aux animaux. Beaucoup étaient inhumés dans le cimetière jouxtant l'église mais les notables et quelques autres beaucoup moins importantes (personnes faisant partie d'une Confrérie, les marguilliers ou ceux qui faisaient un petit don à l'église) étaient inhumés dans l'église. En période de gel aussi. Sur les registres paroissiaux, on indique parfois l'endroit où est inhumée la personne. Ainsi, mon ancêtre Marie Briou a été inhumée en 1736 dans l'église de St Martin-de-Nigelles (28) près de la tablette. Mon ancêtre Jean Bougrain a été inhumé en 1695 dans l'église de Fontaine-Simon (28) (où son fils Claude était curé) dans le choeur, du côté de l'épître.

    Mon ancêtre Marine Rousseau a été inhumée en 1733 dans l'église du Favril (28). Par testament, elle a légué 1/2 arpent de terre à la fabrique * de St Germain de l'Epinay (28) contre 23 messes basses par an à perpétuité pour son mari et elle-même et prières aux 4 fêtes de l'année. Elle léguait aussi à la fabrique du Favril 6 louis pour être inscrite au mortuologe, et demandait qu'on prie pour elle aux 4 fêtes de l'année.

    Le convoi qui emmenait le mort au cimetière était composé de parents et amis, mais aussi de personnes qu'on retrouve à tous les enterrements et les membres des confréries de la paroisse.

    Au XIX è siècle, les faire part étaient plus petits et on les portait aux gens.

    *fabrique : assemblée de personnes qui gérait les biens de la paroisse, un "marguillier" ou "gager" élu tous les deux ans tenait les comptes dans un registre de fabrique


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