• Toujours dans la série du curé Bouchet de Nogent-le-Roi voilà ce qui'il écrit dans les registres paroissiaux conservés en mairie pour raconter les faits du siècle de Louis XIV :

                    Victoire de Fleurus (1690)

     Le dimanche vingt troisième jour de juillet 1690 conformément à l'ordre du Roy qui nous avait été envoyé le jour précédent par Monseigneur le Duc de Gesvres gouverneur de l'Isle de France nous chantâmes dans notre églize d'une façon fort solennelle et majestueuse le Te Deum en l'action de graces et pour remercier Dieu qui est le Dieu des batailles de la grande et mémorable victoire que sa majesté remporta le premier de ce mois près de Fleurus non loin de Maubeuge sur les Espagnols, Walons, Flamands, Anglois, Allemands et Hollandais tous ennemis liguez contre nous et de qui on pouvait dire avec le prophète Roy quatre fremuerunt gentes et populi meditate sunt inania. A ce Te deum messieurs du clergé assistèrent en chapes, messieurs de la Justice en habit de cérémonie et la pluspart de nos habitants dans une posture martialle. Après cela on alluma un grand feu de joye dans le superbe hippodrome du chasteau et pendant que ce feu brusla, deux belles Compagnies de Bourgeois qui estaient sous les armes firent leur décharge en bon ordre ce que fit aussi la Compagnie des Cadets je veux dire une troupe de petits garçons de 7, 8 et 9 ans qui estant dans une contenance fière et estant armés de fusils, de pistolets et d’espées semblaient être de petits Césars ; toutes ces compagnies ayant défilé en bon ordre après avoir joué de l’espée de la pique et de l'estendard sous un capitaine qui conformément à son nom inspirait la Joye * chacun se retira chez soy au bruit du canon et des tambours criant vive le Roy

     Cette victoire a été remportée par François Henry de Montmorency Boutteville, duc de Luxembourg (1628-1695) contre les alliés de la ligue d'Augsbourg. Luxembourg avait été surnommé le tapissier de Notre Dame, en raison des nombreux drapeaux qu'il avait pris à l'ennemi.

     Monsieur de La Joye : jeu de mots : Marc Guyard de la Mairie, sieur de la Sainte-Joie

     traduction de la citation latine : les peuples ont médité des merveilles (expression “montes et maria” : monts et merveilles)

                 Te Deum pour célébrer une victoire de Louis XIV (1690)

     Le dimanche 30 jour de juillet 1690 suivant l'ordre du Roy on a chanté encor solennellement le Te Deum pour remercier Dieu autheur de tous biens a quo omnia bona procedunt dune seconde victoire que l'armée navalle du roy a remportée dans la Manche sur la flotte du Prince d'Orange a qui on a demasté plusieurs vaisseaux, coulé d'autres à fond et pris encore quantité d'autres nonobstant le grand nombre de bastiments qu'il avait sur la mer et la Tamize et qui semblaient autant de forteresses et de citadelles. Les armes de sa Majesté que le Ciel protège tout visiblement ont esté victorieuses de l'entreprize de ce téméraire sous le Commandement de Monsr le Comte de Tourville secondé de Monseigneur Chasteau Renaud et de M. le Marquis de Nermond. Après le Te Deum auquel assista une foule prodigieuse de peuple, on fit un grand feu de joy dans l'hyppodrome du Chasteau, qui fut allumé aussy par le petit baron de Biron avec les mesmes démarches et les mesmes exercices que lon fit il y a huit jours, le tout cependant avec beaucoup plus de pompe et de magnificence, car les gens qui firent revue et qui restoient sous les armes estoient en bien plus grand nombre que l'autre fois et outre cela au bruit des canons des fifres des violons et des tambours on adjousta dans la marche de cinq compagnies armées le son des flageolets, des cornets à bouquin et des tymbales ce qui faisait un effet merveilleusement harmonieux, Monseigneur le Bailly se signala ce soir la par sa libéralité tenant table ouverte à tous venans, Messrs de Brehainville, de Ste Joye, Léger officier de son Altesse Royalle, Monseigneur Vaillant-Boucher se signalèrent par leur bravoure et adresse, Mr de Poilly se rendit recommandable par le sonnet de bon goust qu’il fit en faveur de Mr le Comte de Lausun frère de madame la Comtesse de Nogent qui faict une si bonne figure dans l'histoire de nostre temps. Il y eut plus de mille coups d'armes à feu tirez et nos Demoiselles devenues Amazonnes depuis un temps, pour partager avec leurs deux amants l'honneur de la victoire se firent un plaisir de tirer le pistolet. Tout le soir et toute la nuit suivante tout Nogent parut en feu par les fréquentes illuminations que l’on fit de toutes parts et comme un si heureux succes est effect tout visible de la bonté de Dieu sur nous, éternellement nous nous souviendrons de ce beau temps et nous dirons gratias agamus domino deo nostro.

    traduction de la citation latine : rendons grâce à notre seigneur dieu

     Il s'agit de la bataille de Beachy-Head, à la hauteur du Cap Beveriers, sur la Manche, à l'est de Newhaven. Le combat s'engagea le 10 juillet entre les 70 vaisseaux de Tourville (partis de Brest le 23 juin) et la flotte anglo-hollandaise. Les Hollandais, placés à l'avant-garde, subirent de grosses pertes (1 vaisseau, 8 coulés à fond, 7 autres maltraités). Les Anglais, qui formaient le centre combattirent de loin et mollement. Devant le Parlement, le 12 octobre, Guillaume III critiqua sa flotte : "Je ne puis m'abstenir de vous faire connaître l'atteinte portée à l'honneur national de la mauvaise conduite de ma flotte dans le dernier engagement avec les Français et je me crois tenu d'agir avec la plus grande sévérité quand les coupables me seront signalés.".

    Tourville eut le tort de ne pas poursuivre les ennemis avec ses meilleurs marcheurs et de perdre ainsi contact avec eux durant la nuit. Il essaya d'aller les chercher jusque dans la Tamise, opéra des débarquements sur plusieurs points de la Côte et incendia 12 vaisseaux de guerre qu'il découvrit à Teignmouth (sur la Manche, près d'Exeter, Devonshire).

    Te Deum pour la victoire de Louis XIV sur le duc de Savoie (1690)

    Le dimanche 3 jour de septembre1690 nous chantasmes solennellement le Te Deum sur les six heures du soir et en suitte il y eut un grand feu de joy dans nostre carefour qui fut allumé par Monseigneur l'Abbé de Belsuns, jeune gentilhomme d’heureuse physionomie, de haute probité et doué d’une modestie angélique fils de Mr le Marquis de Belsuns, et nepveu de Mr le Comte de Lausun et de Madame la Comtesse de Nogent ; ces deux grandes actions se firent pour remercier Dieu de la victoire que le Roy remporta ces jours passés sur le duc de Savoye qui soubliant de son devoir et des grandes obligations quil a depuis longtemps a sa majesté très chrestienne setoit lié aux princes confédérés contre nous et vouloit faire une irruption dans le Dauphiné : Pour comprendre le détail de cette victoire il faut scavoir que le 17 è jour du mois passé il sestoit faite une rencontre entre les troupes francoises et savoyardes ou les nostres avoient en tout l'avantage de leur costé; Le Duc de Savoye avoit marché toute la nuit pour venir camper près de l'armée du Roy ayant un bois à sa droite un marais à sa gauche et un ruisseau devant luy, le 18 Monseigneur de Catinat Général de l'Armée du Roy homme de teste et de main ayant recognu quon pouvoit passer le marais fit attaquer les ennemis par cet endroit, on les prit en flanc et ils furent enfoncés sans beaucoup de résistance, toute l'aile gauche ayant esté mise en fuitte Ils se deffendirent avec plus de vigueur a l'aisle droite ou ils avaient mis quantitté d'infanterie dans des cassines mais ils furent forcés et renversés et on en fit un grand carnage. La cavallerie se sauva a la nage passant le Pô ou plusieurs furent noyés ; toute l'artillerie fut prise avec un grand nombre de drapeaux et tout le bagage jusques à la cassette du Savoyard ou restoient plusieurs papiers de conséquence Le Duc de Savoye se sauva a peine à Thurin parva comitate catervua. La plus grande partie des ennemis fut taillée en pieces et on a ramené grand nombre de prisonniers sans compter 60 officiers qui ont suby le mesme sort. Voyant les armes de nostre Roy victorieuses sur la terre et sur les eaux nous pouvons bien luy appliquer ces belles parolles que Claudian adressoit autrefois au St Empereur Théodore Omnium Dilate Deo cui fundit abautris   Acolus armatas acias cui militat oether   Et conjurati veniuunt ad classica venti  de gente sub deo Moreris victima nil miserantes orsi  Omnes lodem cogimus omnium versatur urna serius occius sors exitura et nos in aternum explium impositura cymba

    Décès de la Reine Marie Thérèse d'Autriche (1683) 

    Le jeudy dix neuvième jour d'aoust 1683 a esté dans cette églize fait un service très solennel pour le repos de dame et très haute et très puissante Marie Thérèze d'Autriche en son vivant Reyne de France et de Navarre dont le meritte surpassait encore la naissance. Elle était fille de Roy, femme de Roy, soeur de Roy, tante de Roy, nièce de Roy, cousine de Roy, mère du serenissime Dauphin de France, ayeule de Monseigneur le Duc de Bourgogne pour la naissance duquel on a fait des feux de joye dans toute l'Europe. Elle était encore soeur du prince Dom Balthazar qui est mort tout jeune et soeur de l'impératrice régnante, elle est morte à Versailles en trois jours aagée de quarante cinq ans. La messe a esté célébrée et l'oraison funèbre prononcée mar M Laurent Boucher ancien curé de Nogent,. Comme il y avait fort longtemps qu'on n'avait fait icy d'oraison funèbre la nouveauté de ce spectacle a attiré en ce lieu un grand concours de peuple comme aussi d'écclésiastiques et de nobles des environs dont on a taché de contenter la curiosité aussi bien que le zelle et la ferveur - le grand autel qui sans aucun ornement ne laisse pas d'estre beau etait encore magnifiquement paré, on avait érigé sur un riche mausolée un magnifique poêle chargé d'armoiries sous lequel était posée la représentation de la deffunte avec une couronne et un crespe par dessus ce qui faisait un bel effet à la vue ; autour de la représentation etoient quantité de luminaires posés sur des chandeliers de vermeil doré Le subjet de l'oraison funèbre fut de faire voir que l'auguste deffunte avait dignement rempli les devoirs de la pitié chrestienne envers dieu envers le prochain et envers soy mesme

     

     le poêle est le drap mortuaire


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  • voici quelques textes trouvés dans les registres paroissiaux du XVII è siècle conservés en mairie de Nogent-le-Roi. Ils ont été écrits par le curé BOUCHET (1618-1695) . Ce curé a laissé 23 volumes de prônes et sermons, traitant de questions de morale, de science et d'histoire naturelle et 3 volumes "Poésies chrétiennes" (bibliothèque de Chartres)

    Mort d'un chantre (1686)

     

    Le mesme jour 25 octobre 1686 a esté inhumé dans notre eglize messire Louis Mercier pretre parisien chappelain de la chapelle St Agnès fondée dans l'eglize collégialle de St Marcel de Paris et depuis dix ans ou environ vicaire de cette parroisse après avoir esté 14 ans chantre dans l'eglize parroissialle de St Benoist le Bientourné à Paris : il sest fait regretter pour ses talens et bonnes qualités. Si sa voix nestoit celle de Stentor et de Carneades on peut dire quelle estoit forte et de longue estendue, il chantoit bien, il etoit secourable envers les pauvres, il ne sespargnoit pas quand il falloit aller aux malades. Il avoit beaucoup dintelligence pour les matières beneficialles et le don de bien remonter aux penitents dans le confessionnal, mais avec tout cela peu menager de sa santé, Il est mort aagé de 56 ans Il pouvoit encor remplir quatre ou cinq lustres veu la force de son temperament sil eut pratiqué les premières maximes de lescolle de Salerne et lu a fond les trois livres de diacta composes par hippocrate tant il est vray ce qua dit St Jean Chrysostomo que nemo traditur nisi a seispo ont assisté....

     

     Une âme charitable (1689)

     

    Le mercredi quatrième jour de may 1689 a esté enterrée dans cette églize Marie Jouvelin veuve de Jan (blanc) de Launay vivant hostelière. Elle a ésté recommandable pour l'hospitalité qu'elle a exercée pendant sa vie envers plusieurs pauvres petits orphelins tant estrangers que de ce pays qu'elle soulageait avec beaucoup de tendresse, elle les retiroit quand ils ne savoient où donner de la teste, elle couvrait leur nudité, elle apaisoit leur faim, elle trempoit leur soupe, faisoit leur lit et quand elle ne trouvoit point de lit ou les placer dans les salles, chambres ou greniers de la maison sa charité ingénieuse lui faisoit trouver place pour eux dans quelque coin descurie ou ils etoient repeus, rechauffés et a l'abri des injures de l'air si bien qu'un petit pauvre ainssy posté pouvoit dire avec le prophète (psalme 22) Dominus  regit me et nihil nihi deerit in l oco pascux ibi me callacavit et Madame de Launay en cette conjecture pouvoit dire avec le st homme (ch 31) Job infantia crevitt mecum miseratio et de ventre matris mea egressa est mecum et ces autres parolles couchées au mesme chapitre foris non mansit peregrinnes et ostium meum viatori patuit. cestoit de la bonne odeur de la roze et la bénédiction de la maison de Mr Chenard son gendre. cette vertueuse veuve est morte aagée de 81 ans encore plus chargée de mérites que dannées à ses obsèques ont assisté ses petits enfants

     

    Horaces et curiaces :

    Le lundy 27 jour de septembre 1668 feste de Ste Cosme et de Damian a esté enterré dans le cimetière de céans non un des trois horaces ou des trois curiaces mais un des trois enfans femelles que eu dune ventrée une femme de cette parroisse nommée Marguerite Gautier femme de Louis Asselin qui a esté tesmoing de l'enterrement de cette fille de son frère Charles Asselin de ces trois filles venues dune portée, le sort a esté different lune a esté extincta prius quam nata, la seconde pene non nata sed lota. La troisième lota et uncta : le père et l'oncle de ces trois filles ont déclaré ne scavoir signer.

     

                                                   L.Bouchet

     

    traduction des trois expressions latines :

     

                l’une est morte avant de naître

     

                la seconde, à peine née mais baignée

     

                la troisième fut baignée et frottée d’huile parfumée

     

    Desloges fut délogé (1688) 

     

    Le mercredy 29 jour de décembre 1688 a esté inhumé dans le cimetière de céans Guillaume Desloges fils de François Desloges charpentier et de Françoise Laisné ses père et mère. Il est mort aagé de six ans et de quelques mois à ses funérailles ont assisté son père son grand père qui a signé

     

    L.Bouchet

     

    Un habitant de cette paroisse pour honorer la mémoire de ce jeune innocent a faict ce madrigal en forme d'epitaphe

     

                            Desloges fut icy logé

     

                            Dans un de nos faubourgs non au port

     

                                                   du Pirée

     

                            Mais la Parque la délogé

     

                            Pour le loger dans l'Empirée

     

                            Plaize à Dieu qui nous a forgéz

     

                            Quen délogeant d’icy nous soyons la

     

                                        Logez

     

     Enfant difforme (29/04/1680)

    Le 29 avril a esté inhumée une fille appartenant à Pierre Godard maréchal et Jeanne Cheron ses parents ledit enfant ayant été ondoyé par une partie du corps et ayant deux têtes bien formées et égalles. lequel convoy s'est faict en présence de son père lequel a déclaré ne scavoir signer deübement interpellé de ce faire suivant l'ordonnance du roi .

     

    L Servant

     

     Péage (1689)

     

    Le mardi deuxième jour daoust 1689 a esté icy apporté le corps de feue Elisabeth Lancé femme de Nicolas Gazinet faisant commerce de draperie en cette parroisse et après la messe haute icy célébrée en présence du corps de la ditte deffuncte.

     

    elle a esté transportée à la parroisse de Lormaye lieu de la sépulture de ses ancestres Elle est morte de fièvre et d'hydropisie aagéé de 52 ans après avoir longtemps langui et reçue les sacrements de l'églize comme elle avait cy devant tenula ferme du Péage de Nogent conjointement avec son mari on peut dire d'elle avec autant de vérité que de justice

     

                            Tel est nostre pelerinage

     

                            cette femme ayant nuit et jour

     

                            faict jadis payer le péage

     

                            Le péage paye à son tour

     

                            a ce mesme destin la parque

     

                            nous embarquera dans sa barque

     

    C'est ce qui fait dire au poete lyrique dans son ode 3 ad dilium

     

                            nil interest an pauper et infima

     

                            de gente sub deo Moreris

     

                            victima nil miserantes orsi

     

     

     

                            Omnes lodem cogimus omnium

     

                            versatur urna serius occius

     

                            sors exitura et nos in aternum

     

                            explium impositura cymba

     

     (traduction de la citation latine :

     

                il n’y a aucune différence entre le pauvre et la personne la plus basse, victime de la sentence de la mort au visage qui n’a pitié de rien

     

                tous nous sommes contraints de faire la louange de tous, l’urne plus tard est égale, le sort devra nous appeler et la barque nous imposera une expiation éternelle)

     

     Oraison funèbre pour le créateur du séminaire de Chartres (1690)

    Le trente et un et dernier jour de janvier 1690 a esté faict en cette église un service très solennel pour le repos de lame de Monseigneur Messire Ferdinand de Neufeville evesque de nostre prelat. Ce grand homme ayant travaillé pandent lespace de trente ans au gouvernement de ce dioceze avec beaucoup de soin et dapplication et dailleurs ayant basti un fameux seminaire a Beaulieu proche de Chartres pour instruire les tonsurés qui aspirent aux ordres sacrés. Il meritoit le temoignage de notre reconnaissance (...) Au reste les grands biens quil a faict aux pauvres et à ses domestiques vivant et mourant font assez cognoistre que la liberalité estoit sa vertu, que ses mains comme celles de lepoux des Cantiques etoient toutes pleines d'hyacinthes cest à dire de dons et de présents. On sest particulièrement attaché à faire voir le grand bien que feu Monseigneur Messire Ferdinand de Neufeville a procuré à tout le dioceze de Chartres par lerection et fondation de ce fameux seminaire de Beaulieu ou sa mémoire ne mourra point (...) En effet un seminaire ecclesiastique est une salle descrime ou on apprend la franconnade je veux dire ou on apprend et a attaquer et a se deffendre des ennemis visibles et invisibles qui nous environnent et a attaquer le diable le monde et sa chair qui par toute voye possible sefforcent de nous perdre par leur ruze et par leur malice.Quesce quun seminaire ? c'est un beau jardin rempli de toutes sortes de fleurs : on y voit la roze de la Charité, le lis de la pureté, la violette de l''humilité, le ligustre de la contemplation, le soulsy de la pensée de l'eternité et on se dit a soy mesme annos acternos in mente habui. Quesce quun seminaire ? c'est une ecolle de vertu ou on aprend de jour en jour la pratique de toutes sortes de bonnes actions affin d'eclairer toute leglize par son bon exemple Quesce quun seminaire ? cest une ruche spirituelle ou les abeilles mysterieuses composent le miel délicieux de la veritable devotion Enfin quesce que un seminaire ? cest une boutique de parfumeur dont il ne sort que des parfums et de bonnes odeurs de ceux qui se renferment en ce lieu qui se font un honneur et un plaisir detre la bonne odeur de Jesus Christ (...) 

     

    Rongé par les vers ... (1677)

    Le mardy vingt neuf de juin mil six cent soixante et dix sept a esté inhumé en l'église de céans François de la Planche sergent châtelain de la comtesse de Nogent le Roy aagé d'environ trente huit ans présence au convoy Jean Dablain laboureur beau-frère et de Jacques Lesné sergent beau frère du dit défunt et mathurin Bonnet laboureur cousin germain du dit défunt lesquels ont signé le présent certificat

     

    annotation dans la marge :

     

    Le dit Laplanche a languy près de trois ans rongé des vers

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Aujourd'hui c'est la Chandeleur le 2 février (c'est-à-dire 40 jours après Noël). J'ai trouvé dans un registre de la série B (B638) aux Archives départementales de Chartres cette histoire de charivari dans les rues de La Loupe (Eure-et-Loir) en 1752

    Le 2 février 1752, Marie Louise MINERAY, Louise PASSARD et  Jeanne COCHON, filles demeurant à La Loupe furent choisies pour quêter pendant deux ans. L’argent récolté devait servir à acheter de la cire pour faire des cierges destinés à être mis devant l’autel de la Vierge le jour de la Chandeleur et les dimanches et fêtes. On les appelait les filles de la Chandeleur. Le vicaire se donna la peine de se rendre, en surplis et avec le clergé et la croix, en la maison où les quatre filles étaient assemblées. Il les conduisit à l’église. Avant la grand messe, elles se placèrent devant le grand autel, un cierge à la main et on fit la même chose avant les vêpres.

     A l’issue des vêpres, les filles se rendirent dans une maison située rue du Bouillon où elles voulaient souper ensemble et ensuite prendre un divertissement honnête suivant la coutume. Une multitude de grands et petits garçons tirèrent leurs hardes, jetèrent de la boue sur leurs habits, criant de toutes leurs forces après elles. Ils se tinrent devant la maison, faisant de pareilles dragonnades jusqu’à cinq heures. "N'est-ce pas là une dérision à la religion". Sur les neuf heures du soir, après que les filles eurent soupé, elles voulurent prendre un peu de récréation avec un violon. Plusieurs honnêtes gens allèrent danser et voulaient les voir danser. Louis CHASSEVANT, journalier, âgé de 21 ou 22 ans, sans père ni mère, et Gabriel ROJE, marchand de chevaux, vinrent avec une troupe de grands et petits garçons devant la porte où se trouvaient les filles, faisant du bruit avec des poëlons, criant à haute tête, jetant de grosses pierres contre la porte. Ceux qui étaient dans la maison ouvrirent la porte pour éviter qu’elle fût cassée et leur demandèrent s’ils voulaient entrer. Ils refusèrent et continuèrent leurs insultes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • 17/01/1741 : Procès entre Louise Delestang épouse d’Etienne Boisseau et Elisabeth Deneveu : injures entre les deux femmes qui se disputent le même morceau de mouton sur le marché de la Bazoche-Gouët

     

     

    20/09/1739 : Plainte contre Marie Lebas, accusée de folie furieuse. Selon les témoins, elle se livre depuis 20 ans à des extravagances dans la ville de La Bazoche-Gouët (Eure-et-Loir) : jette des pierres, des pavés, sur les gens, menace d’embraser la ville, jette son sabot à la tête du vicaire et le blesse au bras pendant qu'il célèbre  la messe, se promène nue (en chemise) dans les rues et dans l’église, a été surprise deux ou trois fois dans la Chapelle des Bois avec un gueux (le témoin ne sait pas ce qu’ils faisaient), puis avec des particuliers de sexe masculin. Elle a été aussi vue sur les toits des halles de la ville, puis sur une planche extrêmement étroite qui sépare les deux étangs du moulin de la ville de sorte qu'elle aurait pu se noyer.

    B 621 19/08/1740 : Le garde de Madame de Boudeville aperçoit dans les bois de Bretoncelles une vache à la pâture. Cette vache  appartient à Louis Darreau. Sa fille, qui garde la vache, « citos tant louin » qu’elle aperçoit le garde « se sauve à grands pas et pour mieux dire à toutes jambes ». Le garde ne réussit pas à la rattraper mais dresse procès-verbal.

     

     

     

    B 642 : 14/05/1756, Marie Loizelay, femme de Jacques Denis a été surprise dans les bois de Bretoncelles par le garde. Elle était chargée d'une brassée de bois vert, du frêne et du coudrier (une douzaine de brins). Elle dit que c'était la première fois que cela lui arrivait et qu'elle voulait en faire des corbeilles et des paniers. Tant pis pour elle, le garde confisqua la brassée de bois vert et dressa procès-verbal.

     

     

     

     

     


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  • Hier je vous ai raconté l'histoire de François darreau, le chanteur à l'église de St Victor de Buthon.

    A peu près à la même époque, un autre François Darreau, sans domicile fixe, faisait un esclandre le 3 octobre 1745 dans les rues de La Loupe (Eure-et-Loir). Son procès peut être lu aux AD de Chartres (B 631)

    "On arresta hier dans la rue de l’estang de ce bourg de La Louppe le nommé François Darreau qui n’a actuellement aucun domicile fixe, pris en flagrant délit à la clameur publique, pour avoir insulté plusieurs habitants du bourg de La Louppe, estans entré comme un furieux dans la maison d’un nommé Cornillau aubergiste, où en jurant, il auroit rompu les rideaux d’un lit, pris une nappe de sur la table, l’auroit jettée par la fenestre, cassé plusieurs verres, entré dans son jardin, détaché des pesches, et les jetter. La femme du dit Cornillau ayant voulu l’en empescher, il pris une tuille de sur la maison pour l’en frapper. Estant sorti de chez le dit Cornillau, entré dans la maison d’un nommé Rossignol, et dans son jardin ou il a arraché des choux, et rompu des feuilles. Après quoy continuans son chemin le long de la rue du dit estang ayans des pierres à la main en a jetté une dans la boutique d’un nommé Marchais qui étoit pour lors à travailler de son mestier de bourelier à dessein de la frapper, et enfin a contraint tous ceux qui estoient dans la rue de se retirer promptement dans leurs maisons. Lequel Darreau fut conduit dans les prisons de ce lieu ou il est actuellement."

    Voici l'interrogatoire de François Darreau :

    "Interrogé de son nom surnom, qualité et demeure et age a repondu avoir nom François Dareau agé de cinquante six ans ou environ etre journalier et qu’il demeure partout
    Interrogé pourquoi il a été detenu en prison a répondu en scavoir la cause et ne vouloir la déclarer
    Interrogé ou il était le jour d’hier sur les neuf à dix heures du matin
    A répondu qu’il ne voulait déclarer et se réservait à le faire devant autres juges que nous. Interrogé s’il n’est pas vray que le jour d’hier il fut chez le nommé Cornilleau cabaretier à La Louppe
    A répondu qu’il y étoit mardi dernier au matin
    Interrogé s’il n’est pas vrais qu’étant chez le dit Cornilleau il a déchiré chez le dit Cornilleau samedi dernier le rideau rouge d’un lit appartenant au dit Cornilleau
    A répondu qu’il n’en a été déchiré qu’un petit morceau et cela lorsque le dit Cornilleau le jetta sur le lit
    Interrogé s’il n’est pas vrais qu’il luy a cassé plusieurs verres et jetté les nappes qui etoient sur ses tables par les fenaitres dans la rue a répondu qu’il n’a cassé chez le dit Cornilleau aucun verre et qu’à l’égard du jet de ses nappes par les fenetres dans la rue, cela n’a été fait qu’à la sollicitation du dit Cornilleau
    Interrogé s’il n’est pas vray qu’il a été dans le jardin du dit Cornilleau, ou il a détaché des pechers les peches qui y etoient qu’il les a jetté de ça de la.
    A répondu qu’il a été dans le jardin du dit Cornilleau, qu’il a détaché les peches et rompu les feuilles d’un chou et cela par la sollicitation de l’épouse du dit Cornilleau
    Interrogé s’il n’est pas vray qu’il a été le dit jour de samedi dernier chez le nommé Rossignol
    A répondu que oui et qu’il est entré dans son jardin
    A luy demandé qu’es ce qu’il voulait faire
    A répondu qu’il vouloit hacher un choux, et en rompre les feuilles
    Interrogé s’il n’est pas vrais encore que la femme du dit Cornilleau voulant empescher le desordre que le dit repondant faisoit dans son jardin il prit des tuiles sur le tois de la maison pour les luy jetter
    Interrogé pourquoy luy repondant sortit de chez le dit Cornilleau dans la rue, il a jetté ses sabots sur les personnes des nommés Marchais bourlier et Paulmier chaplier eux travaillants en leur boutique
    A répondu qu’il est vray qu’il a jetté ses sabots dans les boutiques des cy dessus nommés et que s’étoit à la sollicitation de Cornilleau et depuis a déclaré qu’il n’a point jetté dans la boutique du dit Paulmier un sabot mais bien une pierre
    A luy demandé s’il scait la raison pour quoy le dit Cornilleau le sollicitoit a faire tout cecy
    A répondu qu’il n’en scait rien, qu’il ignore son dessein, mais qu’il scait bien le sien
    A luy demandé quel est son dessein
    A répondu que son dessein est de ne blesser personne
    Interrogé pourquoi il a jetté son argent tant chez le dit Cornilleau que dans la rue et le donnoit a quiconque le vouloit recevoir, et notemment à la fille du nommé Chassevand
    A répondu qu’il n’a pas jetté son argent dans la maison du dit Cornilleau ny dans la rue mais qu’il a donné a la fille du dit Chassevant un ecu de trois livres
    Interrogé pourquoi il insulté tous les passans et par ses jurements, menacé, violanté il a contraint les habitants de ce bourg a se renfermer chaquun chez eux
    A répondu qu’il n’a insulté, violanté ny contraint personne de se renfermer chez elles"

    J'ai respecté les termes et l'orthographe qui sont assez savoureux. J'ai juste supprimé quelques passages et ajouté des signes de ponctuation pour rendre le texte plus lisible.

     

     


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